Medusa, masque en papier.
Elles étaient trois. Trois Gorgones soeurs, dont la plus célèbre -et la seule mortelle, Méduse.
–Σθεννώ τ’ Εὐρυάλη τε Μέδουσά τε λυγρὰ παθοῦσα. ἣ μὲν ἔην θνητή, αἳ δ’ ἀθάνατοι καὶ ἀγήρωι, αἱ δύο – [Céto aux belles joues donna à Phorcys] les Gorgones Sthéno, Euryale et Méduse éprouvée par de cruelles souffrances. Méduse était mortelle, tandis que ses autres soeurs vivaient exemptes de vieillesse et de mort. – Théogonie d’Hésiode (trad. Philippe Remacle)
–Fixer une Gorgone, c’était se voir soi et sa fin et ainsi se figer dans la mort. »Voir la Gorgone, c’est la regarder dans les yeux et, par le croisement des regards, cesser d’être soi-même, d’être vivant pour devenir, comme elle, Puissance de mort. » – Jean-Pierre Vernant
— perque uias uidisse hominum simulacra ferarumque in silicem ex ipsis uisa conuersa Medusa. – J’avais aperçu partout, dans les champs, et sur mon chemin, des hommes devenus statues, et divers animaux transformés en pierres par l’aspect de Méduse. – Métamorphoses, IV, Ovide (trad. G.T. Villenave)
–Rusé, Persée ne regarda pas la mort dans les yeux mais par le truchement de son bouclier. Et il trancha la tête de Méduse.
–dumque grauis somnus colubrasque ipsamque tenebat, eripuisse caput collo – tandis que le sommeil versait ses pavots sur le monstre et sur ses couleuvres, je tranchai sa tête. – Métamorphoses, IV, Ovide (trad. G.T. Villenave)
–A partir de l’époque archaïque, le Γοργόνειον (gorgoneion), une des deux représentations plastiques de la Gorgone, orne boucliers, frontons ou monnaie, comme le rappelle Jean-Pierre Vernant dans son ouvrage La Mort dans les yeux. Le masque de Gorgô est reconnaissable à la fois par sa facialité et par sa monstruosité, laquelle surgit à la rencontre entre bestialité (chevelure de serpents) et humanité, poursuit-il.
–Jean-Pierre Vernant mentionne à un endroit de son essai la dérivation du mot « persona ». En effet, de « masque de l’acteur », celui qu’on porte sur scène pour être un autre, « persona » finit par désigner une personne, avec son caractère et son individualité. Une « personne » n’est-elle pas au monde nécessairement avec son « masque » ? Ainsi, le « persona » de Gorgô, s’il doit figer, c’est qu’il nous appartient à tous. Le dernier masque que l’acteur d’une vie portera.
–« La possession : porter un masque, c’est cesser d’être soi et incarner, le temps de la mascarade, la Puissance de l’au-delà qui s’est emparée de vous, dont vous mimez tout ensemble la face, la gesture et la voix. » – Jean-Pierre Vernant
–MASCARADE, un événement de la Biennale Internationale Design Saint-Etienne, soutenu par la Cité du design, KIITO et l’amicale laïque Chapelon. Un projet imaginé par Pascaline De Glo De Besses
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MASCARADE, un événement de la Biennale Internationale Design Saint-Etienne, soutenu par la Cité du design, KIITO et l’amicale laïque Chapelon. Un projet imaginé par Pascaline De Glo De Besses ____
Persona, ae, f. : ¶ 1 masque de l’acteur¶ 2 rôle, caractère [dans une pièce de théâtre]¶ 3 [fig.] rôle, caractère, personnage¶ 4 caractère, individualité, personnalité ¶ 5 [gramm.] personneD’abord « masque », le mot latin « persona » désigne ensuite une « personne » dotée d’une individualité, mais sans doute aussi d’un masque lorsqu’elle se présente en société.
____Exposition « MASCARADE » du 6 au 27 avril 2022Amicale Laïque Chapelon16 Place Jacquard Saint ETIENNE
____ »Le projet Mascarade* a débuté en 2020 pendant le confinement où j’ai imaginé un modèle de masque en origami, que j’ai ensuite jour après jour décliné en une multitude de modèles. Après une première édition au printemps 2021 à Estampille, sérigraphie d’art, je présente de nouveaux modèles inspirés de masques traditionnels du Japon, à L’amicale Laïque Chapelon dans le cadre de la Biennale Design Saint-Étienne, du 6 au 27 avril 2022. À cette occasion, j’invite une cinquantaine de créateurs dont 32 sont japonais – plasticiens, designers et illustrateurs – à intervenir sur le modèle de masque original, avec le papier et la technique de leur choix. » – Pascaline de Glo de Besses